A propos

« Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito. »

– Albert Einstein.

Je vous souhaite la bienvenue sur mon blog où j’écris sur divers sujets au gré de l’inspiration. Quelques repères biographiques pour contextualiser mes écrits.

Je suis né le 17 août 1971 à 10h du matin à Marseille non loin du Palais Longchamp, dans une maternité qui est depuis devenue un EHPAD et où ma mère entendait rugir les lions d’un parc zoologique aujourd’hui disparu. J’ai grandi très heureusement jusqu’à l’âge de 12 ans dans une cité HLM des quartiers nord de Marseille, le Plan d’Aou, qui fut rasée et réhabilitée dans les années 2000, et où j’ai expérimenté pour la première fois la vérité de cette notion chère à George Orwell de common decency ou décence ordinaire.

Je suis issu d’une famille de réfugiés politiques, des Républicains espagnols socialistes et anarchistes ayant fui la dictature franquiste et ayant combattu tout autant le fascisme que le stalinisme durant la tragique guerre civile de 1936-1939, qui annonçait toutes les pires horreurs de la seconde guerre mondiale. Mon père venait de Barcelone et a eu pendant quelques années accès à une éducation d’avant-garde au sein d’une Ecole Moderne inspirée par les principes pédagogiques anarchistes de Francisco Ferrer. Ma mère venait d’un petit village de La Mancha près d’Albacete, le pays de Don Quichotte. Les destins des deux familles se croisent dans un camp de travail des Basses-Alpes, le GTE des Mées, où mon grand-père paternel anarchiste se lie d’amitié avec mon grand-oncle maternel socialiste qui deviendra Résistant dans le maquis.

Mon père Mariano était ouvrier menuisier dans le bâtiment – je le positionnerais rétrospectivement comme « anarcho-gaulliste » (exemplarité radicale avec un respect scrupuleux des lois et de l’autorité, à la condition toutefois qu’elles soient justes et légitimes, tout en étant très critique du traitement indigne des Harkis) et ma mère Isabel mère au foyer à s’occuper notamment nuit et jour sans répit et dans la joie et la bonne humeur de mon frère polyhandicapé Jean-Baptiste pendant 62 ans – une véritable sainte laïque à mes yeux qui se dispense de l’hypothèse de Dieu pour faire le bien.

Nous avons quitté Marseille et le Plan d’Aou en 1983 pour un petit et charmant village de la France périphérique près d’Aix-en-Provence, ce qui fut un véritable drame pour moi tant j’étais attaché à ma ville et à mon excellent collège Jean Moulin. Nourri par des lectures existentialistes au lycée et très idéaliste dans mon adolescence, je rêve un temps de faire une fac de philo après mon bac C. Un projet auquel fort heureusement s’oppose mon père, lui qui rêve pour moi de la noble profession d’ingénieur un peu comme César dans la triologie de Pagnol. Mais après une scolarité de très bon élève facile (j’ai sauté notamment le CE1), je connais un douloureux échec scolaire en Maths Sup au Lycée Cézanne d’Aix-en-Provence.

C’est complètement par hasard alors que je recroise un copain de lycée qui était parti en Prépa HEC au lycée Masséna de Nice et qui me convainc de faire la même chose. Mon père ne s’oppose pas ce coup-ci à ce projet de faire du « commerce », mais sans grand enthousiasme initialement. J’intègre finalement HEC en 1991 et en sort diplômé en 1995 ce qui fut une grande fierté pour mes parents qui commençaient un peu à désespérer de moi. J’ai découvert à HEC au contact de mes camarades tout un univers social dont je n’avais jusqu’alors pas la moindre idée : les rallyes parisiens, des particules, des noms de grandes marques, et puis surtout le monde de la banque d’affaires dans lequel j’allais finalement évoluer à ma sortie d’HEC.

Pendant une vingtaine d’années j’ai été un financier international très globe-trotter et nomade, travaillant pour de grandes firmes françaises (Crédit Lyonnais, leader mondial des financements d’avions et de projets, où je suis très heureux en travaillant avec des personnes que je considère alors comme des amis ; Orange, à la grande époque du lancement du pari industriel très risqué du smartphone… et des suicides en masse chez France Télécom) et internationales (le chinois Huawei, que j’aide significativement à pénétrer le marché européen et qui me permet de découvrir la culture chinoise ; l’américain IBM, où j’apprends le travail collaboratif en réseau et gagne une expérience des Etats-Unis ; la britannique Royal Bank of Scotland, en pleine déconfiture mais où j’atteins ma pleine maturité professionnelle en tant que Director) à Jakarta, Singapour, Paris et finalement à la City de Londres entre 2006 et 2013.

Précisément, cette période de l’histoire économique récente qui verra la crise des subprimes – une véritable fraude systémique dans la plus parfaite impunité – entrainer le monde entier dans une crise financière et sociale dans le sillage de la faillite de Lehman Brothers en 2007, et la nationalisation de fait de mon employeur la Royal Bank of Scotland aux pertes abyssales. Cette crise et cette faillite morale me marquent profondément et remettent radicalement en cause mes croyances néo-libérales dans la prétendue efficience des marchés que je tenais de ma formation. Pour faire sens de mon expérience professionnelle, je m’inscris à des cours du soir de sociologie en formation continue au Birkbeck College de Londres : j’y découvre avec passion des auteurs comme Max Weber, Karl Marx, Pierre Bourdieu, Michel Foucault, Thomas Khun, George Orwell et une myriade de chercheurs universitaires dans quantité de domaines en sciences sociales et politiques.

Je finis par quitter Londres et le monde de la finance en 2013, mu à la fois par un rejet d’un monde corporate toxique où j’avais le sentiment de perdre mon âme et mon temps et par une quête de sens très à la mode. Ce sens je le trouve en premier lieu en devenant aidant pour ma mère veuve et mon frère avec un retour dans cette France périphérique provençale que j’avais quittée il y a fort longtemps. Une sorte d’Ulysse de banlieue, sans royaume ou couronne à reconquérir, sans Pénélope ni Thélémaque non plus hélas puisque je n’ai pas eu d’enfants.

La Provence est une région sublime où il fait très bon vivre, mais « le soleil, tu le payes cher » comme on a coutume de dire par ici. Sans réseau professionnel dans la région, ayant exercé des métiers avec des compétences inadaptées au tissu de PMEs locales, ma nécessaire reconversion s’est avérée une véritable traversée du désert… un bien aride désert dans lequel je marche, parfois « au bout de ma vie » comme disent les jeunes d’aujourd’hui, depuis 10 ans. 10 ans d’expériences toutes plus ratées les unes que les autres dans divers domaines (conseil, banque, gestion de patrimoine, médico-social, enseignement/formation, auto-entrepreneuriat…) avec quelques oasis de bénévolat (professeur de français pour réfugiés chez JRS et mentorat scolaire pour Article 1 notamment). Ces années auront toutefois été illuminées par ma conversion au christianisme avec mon baptême en 2017, année où je me rends aussi à Auschwitz pour tenter de comprendre l’incompréhensible. J’ai depuis pris mes distances avec l’Eglise mais le Christ, les premiers chrétiens et Simone Weil restent une source d’inspiration centrale pour moi.

Je vis joyeusement avec ma sainte mère et nos quatre chats, qui me questionnent quotidiennement sur la condition animale. J’aime mes amies et mes amis, toutes et tous plus formidables les unes et les uns que les autres, les sciences sociales et politiques, le débat d’idées, l’art contemporain, marcher, rencontrer de nouvelles personnes au hasard des chemins et le bleuté des objets. Je prépare actuellement le programme formation continue de Sciences Po Aix afin de faciliter mon engagement en politique, même si je ne sais pas encore où et comment il prendra forme. Tout autant fatigué par la critique sociale de gauche que par le néo-libéralisme conservateur, j’aimerais penser que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise.

Au plaisir d’échanger.